AMIS DU JARDIN BOTANIQUE DE LA ROCHE FAUCONNIÈRE

CYPRÈS  MONTEZUMA


Cette fiche botanique sur un arbre inexistant dans le jardin Favier et qui probablement ne sera jamais planté, peut étonner. Cependant la découverte de ce taxon dans le parc du château d'Amblie dans le Calvados, son identification comme Taxodium mucronatum, son classement comme Arbre Remarquable sont dûs à la curiosité et à l'intérêt que lui ont porté deux membres de l'association AJBRF.

Il était connu comme cyprès chauve qui ne perd pas ses feuilles. Les propriétaires du château et du parc d'Amblie ont suivi avec attention et ont soutenu leurs recherches sur son identification exacte. Cet arbre est méconnu, peu de renseignements exacts sont facilement accessibles. La confusion avec le cyprès chauve est probante.

Avec seulement six taxodium mucronatum répertoriés en France, il est très possible que d'autres soient confondus avec le cyprès chauve ou non identifiés du tout. Cette page a pour but d'aider celles et ceux qui sont confrontés à cette même question.
L'allocution du 19 juillet résume une étude sur le cyprès Montezuma et sa découverte à Amblie.



SPÉCIFITÉS


Nom botanique : Taxodium Montezuma

Noms vernaculairesCyprès Montezuna, cyprès du Mexique, Ahuetehuete (nom mexicain venant des Aztèques)

Feuillage :  semi-caduque.
Le ratio verticillaire varie de 6 à 10. Il tient au gel à -20°C

Cônes :  Oblongs, constitués d'écailles mucronées.

Pneumatophores : Quand il se trouve en zone humide ou régulièrement inondable, le taxodium mucronatum émet des pneumatophores.

Paléobotanique : Le taxodium Montezuma est daté du Paléogène qui a commencé il y a 43 millions d'années et s'est achevé il y a 23 millions d'années.

Cyprès Montezuma du château d'Amblie : plantation ~1880
  circonférence 500 cm à 1,3 m ; hauteur 32 m ;
Intronisé Arbre Remarquable  le 19 juillet 2024

Noms

Le nom botanique aujourd'hui reconnu, Taxodium mucronatum, a été attribué en 1853 par Michele Tenore (1780-1861), botaniste italien, dans un index de plantes de la région napolitaine. Cet index a été publié dans les Annales des Sciences naturelles, 1853, tome 19, 3e série botanique, dirigée par AD Brongniart et J. Lecaisne.

Le nom vernaculaire Cyprès Montezuma, a été donné par Joseph Decaisne (1807-1882), jardinier, chaire de botanique du jardin des plantes de Paris, académie des Sciences, 2e président de la Société botanique, ...
En voici la mention dans le premier bulletin de cette société en 1854 :
J. Decaisne a donné à cette espèce le nom de Taxodium Montezuma, afin de rappeler que cet arbre était déjà célèbre, par ses énormes dimensions, à l’époque de la conquête du Mexique par Fernand Cortez.

 Les autres noms vernaculaires sont :
 en français cyprès mexicain , en mexicain Ahuetehuete,
 en anglais cypressus Montezuma.
NB Écrire sans préposition de, mais avec majuscule à Montezuma.

Classification et termes botaniques

La famille des Taxodiums est Taxodiacées. Actuellement les botanistes tendent à l'inclure dans la famille des cyprès, les Cupressacées. Les études ADN montrent que les Taxodiums sont proches des cyprès et très proches entr’eux. Certains classificateurs placent le mucronatum en sous-espèce du distichum. Et si c'était l'inverse?

Il existe trois espèces de taxodiums, ascendens, distichum et mucronatum.
- ascendens qui signifie montant, à cause du feuillage remontant.
Son nom vernaculaire est cyprès des marais, en anglais Pond cypress.
- distichum, qui signifie arrangement en deux rangs opposés Ce n'est pas franchement distinctif vu que les trois taxodiums ont ce type de feuillage. Les noms vernaculaires sont cyprès chauve, cyprès de Louisiane, en anglais Bald cypress.
- mucronatum qui signifie mucroné, un mucron est une pointe dure et raide à l'extrémité d'un végétal.

Éviter et proscrire d'autres désignations ou autres combinaisons, communes sur internet et non orthodoxes, elles embrouillent et amènent de la confusion.

 Ratio verticillaire

Le verticille est un ensemble végétal constitué des aiguilles et de la brindille qui les porte. Le ratio verticillaire est le rapport entre la longueur et la largeur. Variant de 6 à 10 pour le cyprès Montezuma, il va de 3 à 6 pour le cyprès chauve. C'est un critère discriminant, indépendant des dimensions réelles ou du format de l'image, facile à mesurer et à calculer, que ce soit sur place ou sur photographie.

 

 

  


  Les cônes

C'est ainsi que l'on nomme les fruits. Botaniquement, ce sont des strobiles, écailles juxtaposées formant une cavité qui contient les graines.
Oblongs, de la taille d'un gland, ~2 x 2,5 cm, les boursouflures et protubérances des écailles, les mucrons en sont le signe distinctif .

NB  Les cônes du cyprès chauve sont plus réguliers et plus lisses.

 Le feuillage

Les rameaux en bout de branches tendent à tomber ce qui donne au cyprès Montezuma un air pleureur plus ou moins marqué avec l'âge et selon les spécimens.

A leur deuxième année, les aiguilles du cyprès Montezuma rougissent et tombent en fin d'hiver. Les aiguilles de l'année restent vertes. On dit que le cyprès Montezuma est semi-caduque.

Lorsqu'il subit un stress, hydrique, sécheresse, grand froid, tempête, le taxodium mucronatum peut perdre toutes ses feuilles d'un seul coup.

 

   


Architecture et tronc

Les fibres du tronc prolongent les racines et s’élèvent en légère torsade. Cette disposition confère aux troncs une meilleure tenue mécanique résistant au vents violents.

Il est fréquent que le tronc se devise en deux tiges principales comme à Amblie.

Le port est élancé avec une architecture semblabe à la plupart des feuillus de nos contrées. Les branches montantes ou horizontales se subdivisent en fourches successives.

 Les pneumatophores


Ce sont des tiges verticales qui émergent des racines dans les terrains humides ou marécageux. Constituées de bois poreux de densité 0,4 à 0,5 quand il est sec, la surface est lisse. Ils servent à l'échange gazeux de l'air nécessaire aux racines. Ils peuvent être spectaculaires, alignés sur les racines, de la grosseur d'un bras, s'élevant jusqu'à 1m.

Leur existence dépend donc du sol dans lequel sont les racines. Il doit être marécageux ou inondé régulièrement.

A Amblie, ceux sur les racines progressant dans l'étang presque totalement envasé actuellement, ont été régulièrement coupés car ne sachant pas ce que c'était, ou par mégarde car cachés dans les végétations au sol.

 

 

Le cyprès Montezuma du château d'Amblie, Calvados,
classé Arbre Remarquable